L’heure du bilan de fin période a sonné : 114 compétences évaluées au 1er trimestre ! Pour cette première année de collège, Alban expérimente les évaluations de compétences par couleur… plus aucune note attribuées ! Désormais, les cahiers et contrôles sont agrémentés de jolies couleurs allant du rouge (maîtrise insuffisante) au vert+ (excellente maîtrise).

Comment on va savoir si on a eu 18/20 ou 15/20 ? Les profs n’ont pas tous les mêmes barèmes, y’en a qui mettent des Verts à partir de 12/20, d’autres à partir de 14/20. Mais Vert c’est « Très Bien », du coup c’est 18/20 !

Très difficile pour un enfant de se situer dans un système d’évaluation par couleur quand il n’a connu que les notes depuis le cours préparatoire ! Encore plus difficile pour un enfant perfectionniste !

 

 

Dès la mi-septembre, les évaluations ont débutées en classe, Alban a enchaîné les Vert et Vert+, jusqu’au treizième contrôle, le 2 octobre… Je me souviens encore de cette journée. Alban rentre du collège, éteint, sans parlé, c’est clair la journée ne s’est pas bien passée !! Je lui laisse le temps de goûter, je lui souris et attends qu’il veuille bien se confier.

J’suis nul, de toute façon j’vais redoubler…

On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’enfantillages d’un garçon qui ne veut pas se faire gronder pour une mauvaise note et cherche à nous apitoyer. Hélas non ! Alban a les larmes aux yeux, il arrive à peine à aligner ses mots. Il s’isole dans sa chambre et refuse tout contact avec nous jusqu’à l’heure du repas.

Il a obtenu un jaune à une compétence évaluée en math.

Oui oui, je parle bien de compétences ! Ainsi un contrôle (comme celui de math du 2 octobre) peut évaluer plusieurs compétences. Alban avait donc obtenu un jaune pour la compétence « raisonner » de son devoir de math. Ce jaune étant accompagné de 4 vert+ et 1 vert. 

Pour Alban, obtenir un jaune a une évaluation était considéré comme un échec ! La fin d’une scolarité exemplaire qu’il s’oblige à avoir depuis toujours.

J’ai choisit cet exemple car c’est le plus parlant concernant Alban. Son perfectionnisme le pousse à mettre la barre très très haute quand il s’agit des études… mais nous allons voir ensemble que les pratiques des perfectionnistes sont multiples et parfois déroutantes !

 

Perfectionniste : le sans faute ou rien !

Qu’il s’agisse des études, du sport ou des activités culturelles, le perfectionniste prend grand soin à fournir tous les efforts nécessaires pour atteindre la perfection… le sans faute !

A son sens, la moindre erreur est très vite perçue comme un échec intolérable pour lui.
A défaut d’atteindre son « Graal », le perfectionniste préférera ne pas faire. Pour lui, s’abstenir de participer est plus facile à vivre que la peur de l’échec.

 

Perfectionniste : l’auto-critique destructive

Cette obstination pour la perfection peut prendre bien des formes selon les personnes, toutefois les perfectionnistes auront tendance à toujours viser la perfection pour eux, et non pas pour les autres.

Les perfectionnistes ont un sens inné de la critique, surtout pour eux-même. Leur regard sur eux, sur leur action et leur réalisation est très négatif et destructeur. « J’suis nul ; j’sais rien faire ; je sers à rien ;… » autant de phrase qu’ils utilisent régulièrement pour évaluer leur imperfection.

 

Perfectionniste je suis…

Difficile pour nous parents de comprendre la pression, les attentes que nos enfants perfectionnistes portent pour eux-mêmes. Leur attitude face à ce qu’ils considèrent comme un échec peut même être douloureuse pour nous, incapables de les aider malgré nos encouragements, nos consolations et félicitations.

Et pourtant…

Perfectionniste je suis certes, mais l’éducation n’est pas en reste !

Et oui mesdames messieurs, chers parents, chers amis… nos enfants perfectionnistes peuvent nous dire merci !!! (Ou non d’ailleurs)

 

La recherche de la perfection peut avoir son origine dans deux sources :

  • La première source est liée à une motivation primaire, selon l’approche neuro cognitive et comportementale, cette motivation s’acquiert dès les premiers mois de vie (voir même in utero, selon certains spécialistes). Elle est le fruit de l’idéalisation de ce qui a été vécu durant la période dite de l’empreinte.
  • La seconde source est liée à l’éducation elle-même. Non, sans rire !!! Malheureusement oui !!! Notre propre volonté de bien faire, de vouloir le meilleur pour nos enfants,… nous a conduit à leur transmettre inconsciemment (ou pas) notre propre perfectionnisme…

 

C’est impossible de faire une « erreur » à proprement parler,
puisque tout ce que nous appelons « erreur » nous est en fait bénéfique.
Neale Donald Walsch

Perfectionnniste : comment l’accompagner ?

Quelques conseils pour accompagner vos enfants perfectionnistes et mieux vivre ensemble leur besoin de perfection.

  • Accepter et valider son besoin de perfection : reconnaître l’enfant comme il est, sans chercher à le changer
  • Séparer l’erreur de la faute :
    • L’erreur, quel qu’en soit la conséquence, n’est pas volontaire. Elle nécessite un acte pédagogique pour la transformer en apprentissage.
    • La faute résulte d’un acte volontaire ou d’une erreur répétitive malgré les correctifs successifs mis en place avec la personne. Elle appelle à la sanction.
  • Construire et renforcer son apprentissage : lui faire prendre conscience des enseignements tirés de chaque situation d’échec rencontrée.
  • Développer son autonomie et le responsabiliser dans ses apprentissages.
  • Partager vos propres erreurs, vos échecs : nous avons tendance à partager facilement nos réussites,mais quid de nos erreurs ? Faire prendre conscience à vos enfants de vos imperfections est un excellent moyen pour eux d’appréhender la notion d’apprentissage et de droit à l’erreur.

 

Pour la petite histoire, Alban continue de trouver ses résultats scolaires médiocres ! Nous sommes d’ailleurs les premiers à lui faire remarquer (en rigolant) qu’il a beaucoup trop de Vert+ dans son bulletin du premier trimestre 😉
Nous lui avons appris à mettre l’accent sur les appréciations de ses professeurs plutôt que sur ses échecs, il apprend, il grandit… je ne suis pas certaine qu’il soit fier de lui et de son travail, mais ce que je peux dire c’est que nous, nous sommes très fiers de lui 🙂

Nous ne changerons pas notre fils, mais nous l’accompagnons à gagner un peu plus chaque jour en confiance et en estime de soi.

Vous aussi vos enfants sont perfectionnistes, vous avez mis en place des solutions pour mieux vivre leur besoin frénétique de perfection ? Racontez-nous vos expériences dans les commentaires 😉

 

Ludiquement,
Stéphane & Magali
Coachs de Vie – Accompagnement de l’enfant et des familles

La perfection à tout prix !
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